18 août 2022 | Le Billet de Mathilde
Mathilde se bat sans relâche au sein d’une association qu’elle a créée avec des amis il y a as mal d’années maintenant : “Stop préjugé”. Lors de l’une de nos dernières rencontres, elle nous a donné quelques exemples particulièrement révoltants.
Antoine, huit ans, atteint de myopathie, bien accepté avec son fauteuil roulant et ses absences hebdomadaires pour soins vitaux, a été refusé dans une nouvelle école, lorsque ses parents ont déménagé car «sa vue choquait ses camarades».
Nadia travaillait à l'accueil d'une clinique privée. Elle était appréciée pour sa bonne humeur permanente et son écoute exceptionnelle. Elle a eu le malheur de prendre quelques kilos à la suite d'un traitement médical et elle a été licenciée pour «faute professionnelle», son aspect physique nuisant au standing de son employeur.
Charles très compétent dans son activité de technicien informatique, licencié économique, a été jugé «trop vieux» (45 ans) dans un entretien d'embauche. Expérience et connaissances n'ont rien pesé dans la balance.
Bérangère, bardée de diplômes à 29 ans, sensible, ouverte et intelligente, était la mieux placée pour décrocher une promotion dans son entreprise. Elle savait déjà officieusement que le poste lui était acquis lorsqu'elle est tombée enceinte. Ce n'est pas elle qui a été choisie mais un collègue mâle qui, loin d'avoir la moitié de ses compétences, «avait su faire le bon choix entre sa carrière et sa famille».
Notre société, insidieusement, par media interposés, nous amène à nous conformer à un standard humain, si nous voulons que tout se passe pour le mieux pour nous.
Il vaut mieux être un homme, blond aux yeux bleus. Ou à la rigueur brun mais avec une peau bien blanche. Il faut avoir moins de trente ans. Aucune obligation familiale : orphelin et célibataire. Pas malade, sans signe particulier notoire et le plus mince possible. Sans opinion politique et sans religion.
Sinon, il faudra bien arriver à accepter l'autre avec ses différences c'est-à-dire avec tout ce qui nous fait peur chez lui et qui, pourtant, constitue sa richesse et l'enseignement qu'il peut nous apporter, avec son regard différent du nôtre sur le monde.
Lorsqu'on parle de discrimination on pense le plus souvent au racisme. Mais le phénomène dépasse largement la couleur de la peau.