8 septembre 2022 | Le Billet de Mathilde
Mathilde est à la fois inquiète et soulagée. Le petit-fils de son ami Marc est convoqué devant un juge pour enfants pour une bêtise de trop. Depuis plusieurs mois, Mathilde avait donné l'alerte à plusieurs reprises. Cet enfant docile et plein de joie de vivre se transformait dans son corps et dans sa tête. Il a grandi d'un seul coup, sa voix est devenue grave et c'est l'avis des copains qui l'emportait toujours. Son grand-père a voulu intervenir avec autorité et la situation a empiré. Les crises de violence et les mauvaises notes n'ont pas tardé. Sa mère, qui l'élève seule, a l'impression qu'on a remplacé son gentil petit garçon par un mutant.
Nous avons tous vécu cette période de grande turbulence où on ne se reconnaît plus : l'adolescence. On a tous fait des bêtises à cet âge et on a tous eu besoin d'être tenus responsables de nos erreurs. Il faut sanctionner, bien sûr. Mais aussi rétablir d'urgence une communication et surtout une attention, une écoute. Ne pas hésiter à demander de l'aide si on est trop impliqué par ses émotions. Il faut condamner l'acte, pas celui qui est et restera toujours notre enfant.
À cet âge, la rébellion contre les parents, contre l'ordre établi est une étape nécessaire pour se construire. C'est un passage obligé. On appelait ça «l'âge bête» de mon temps. Celui qui y échappe risque de rester l'enfant sage qui ne quittera jamais ses parents et ne deviendra jamais adulte.
Il n'y a pas de règles pour élever un enfant. Et ce qui marche bien avec l'un échouera pour son frère. Françoise Dolto disait que de toutes façons on se trompe toujours. Mais dans tous les cas, en toutes circonstances, expliquer à son enfant qu'on peut se tromper – et dans ce cas le reconnaître – mais l'assurer qu'on l'aimera toujours et qu'il peut compter sur notre aide. Pendant la tempête de l'adolescence, il faut naviguer à vue et attendre que ça passe et essayant de garder le cap.