7 mars 2024 | Le Billet de Mathilde
Chaque année, Mathilde retrouve quelques amies de longue date pour célébrer le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. C'est l'occasion d'échanges passionnées et de réflexion.
Il y a plus de deux cents ans, à l'époque d'Olympe de Gouges, on savait que la femme était l'inférieure de l'homme. Avant 68 cette idée était encore admise. Aujourd'hui, notamment chez les jeunes générations, on est persuadé que l'égalité entre hommes et femmes est établie définitivement. Or il n'en est rien. Regardez autour de vous : qui se trouve le plus souvent dans la cuisine pour préparer les repas, faire la vaisselle, nettoyer, ranger ? Et qui reste les pieds sous la table à regarder la télé ? Avec le plus souvent le consentement de la femme qui, lorsque par extraordinaire son mari accomplit l'effort épuisant de l'aider – car il ne se sent pas vraiment concerné par la bonne marche du ménage ; s'il s'y met c'est pour «lui faire plaisir» – avec tellement de maladresse qu'elle conclut immédiatement qu'elle aurait «bien plus vite et mieux fait toute seule». Mathilde reconnaît qu'il y a bien sûr d'heureuses exceptions, notamment dans les jeunes générations.
L'illusion persiste encore davantage dans le monde du travail. Le slogan de 68 «à travail égal, salaire égal» est toujours lettre morte. Pire. Les emplois les plus intéressants et le plus rémunérateurs sont occupés majoritairement par les hommes. Dès ses plus jeunes années la jeune fille, pourtant généralement plus douée pour les études et pour les sciences, s'auto censure. Son projet de fonder une famille et d'avoir des enfants lui fait choisir un métier plus facile à aménager pour mener de front ses futures fonctions professionnelles cumulées avec son rôle de mère de famille. C'est une question que le jeune homme ne prendra pas en compte dans son «plan de carrière». Et lorsqu'il arrive que l'épouse ait un salaire plus important que son époux, le malaise est difficile à dépasser.
Comment évoluer, revaloriser l'une sans que le prestige et la fierté de l'autre n'en souffrent ?
En multipliant les occasions d'en parler. Pour d'abord en prendre conscience ensemble. Car, comme l'avait découvert Olympe de Gouges, la bonne santé d'une société se mesure à la qualité du dialogue qui existe, vivant, entre l'homme et la femme. Alors, mettons-nous y tout de suite !