27 juin 2024 | Le Billet de Mathilde
Monique est une amie d'enfance qui n'a jamais quitté notre quartier. Son cousin germain vient de mourir, quelque part dans le Nord. Mathilde se souvient de lui. Il avait à peu près nos âges – Monique est plus jeune de quatre ans -. Il passait toutes ses vacances chez sa grand-mère qui habitait à deux maisons de celle de Mathilde. C'était un pâle blondinet parisien au regard fuyant que personne n'aimait car il était cruel avec les animaux. «Pas qu'avec eux !» laisse échapper Monique à qui Mathilde était venue pour présenter ses condoléances. Et Monique lui raconte ce qu'elle n'a jamais dit à personne. Une tragédie ordinaire qui s'est déroulée devant les yeux de tous les gens du quartier, sans qu'on ne se doute jamais de rien.
Aussi loin que remonte ses souvenirs et jusqu'à l'adolescence, son père la contraignait à aller chez leur grand-mère dès le premier jour des vacances, pour tenir compagnie à son cousin. Et le calvaire commençait. Maltraitée, insultée, battue et pire encore, tout au long de l'enfance ; il la menaçait de mort si elle en parlait à quelqu'un. Un jour elle s'était cachée pour ne pas y aller et elle avait tout dit à sa mère qui l'avait traitée de menteuse avant de la punir sévèrement et de l'amener de force. Et tout avait continué. C'est là que son amour pour les animaux l'avait sauvée. Car dans la maison il y avait un chien qui, lui aussi était tyrannisé. Et une sorte de fraternité solidaire était née entre ces deux pauvres créatures. Le cauchemar s'était brusquement arrêté lorsque le cousin avait fait sa vie loin d'ici. Monique n'avait jamais plus entendu parler de lui.
A la télé on nous parle des souffrances des enfants d'Asie, vendus aux vices de nos compatriotes fortunés. Mais peut-être pourrions-nous aussi regarder plus attentivement ce qui se passe juste à côté de chez nous. Et se demander pourquoi la petite fille ou le petit garçon (ils ne sont pas épargnés) sont si sauvages et tellement mal élevés. Un numéro de téléphone qui peut être utile : le 119, enfance maltraitée.