Association des éditions Cocagne MAISON DE LA MÉMOIRE & DES ÉCRITURES

Dépendance

14 novembre 2024 |  

Notre amie Mathilde généralement tolérante et compréhensive ne supporte pas, en famille ou entre amis, le comportement d'un proche incapable de partager un moment d'intimité ou de convivialité, sans tout laisser en plan pour réagir au signal de l'arrivée d'un SMS sur son portable, en s'isolant aussitôt pour répondre, puis pour un échange sans fin à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Ce qu'on qualifie de manque de politesse, de muflerie ou pire, selon les circonstances, est en fait beaucoup plus grave. Il s'agit d'une dépendance devenue pathologique au même titre que la drogue, l'alcool, le jeu, le sexe…
Le dysfonctionnement cérébral est exactement le même ainsi que son traitement – le sevrage et la recherche de la cause – quel que soit l'objet de l'addiction. Et ce sont les malades eux-mêmes qui ont provoqué cette nouvelle manière d'aborder l'ensemble de ces troubles. A l'hôpital de Marmottan, l'unité créée il y a cinquante ans par Claude Olivenstein pour accueillir anonymement les drogués a beaucoup évolué. Des victimes d'autres addictions sont venus y chercher de l'aide. Dépendances induites par internet qui n'a que vingt ans. Et qui a exacerbé des pathologies déjà existantes, mais dont la pratique a explosé : sexe, jeu, mais aussi internet lui-même avec, par exemple, les «drogués» des séries télévisées qui peuvent rester vingt quatre ou quarante huit heures non stop devant leur écran. Sandrine a passé huit mois vingt heures et quelques minutes à visionner les dix mille épisodes de « Mad men », « Urgences » ou autres. Elle n'a plus le temps d'avoir une vie sociale. Il y a aussi les courses de chevaux ou les jeux de cartes en ligne, les jeux video chez les plus jeunes… Lorsqu'on atteint ces situations extrêmes, il faut se faire aider. Et savoir qu'on sera sensible à vie à la tentation, l'addiction pouvant changer d'objet… Alors mieux vaut être vigilant pour ne jamais tomber dans cet enfer.