31 mars 2022 | Le Billet de Mathilde
Diagnostic
Lorsque Mathilde a rendu visite à sa jeune amie Clémence, toujours souriante, pleine d'énergie et de joie de vivre, elle l'a trouvée très abattue. «Je viens de passer deux nuits sans dormir.
– Pourquoi ?
– Tu sais que depuis quelque temps j'entends mal de l'oreille gauche. J'ai pris rendez-vous avec un spécialiste réputé très compétent. Après m'avoir examinée il m'a déclaré qu'une perte d'audition était normale avec l'âge. Par contre, il m'a conseillé de venir dans un mois pour faire un scanner afin de détecter une éventuelle tumeur. Lorsque ma mère est décédée de cette pathologie, le médecin qui la soignait m'a mise en garde et m'a conseillé de faire des contrôles réguliers au cas où… Alors voilà. Depuis, je tourne et retourne ça dans ma tête».
Mathilde a eu beau lui dire que les causes génétique d'un cancer représentaient un très faible pourcentage, rien ne pouvait apaiser son angoisse. Cela présageait pour elle le pire des calvaire pour les fêtes de Pâques où toute la famille serait là pendant plusieurs jours et où elle devrait simuler la sérénité en attendant le rendez-vous fatidique. Elle a alors décidé de passer cet examen le plus tôt possible dès le lendemain pour conclure que tout allait bien. Clémence s'est alors autorisée à dire au médecin la terreur panique que ses paroles avaient déclenché chez elle. «Mais enfin, s'est défendu celui-ci, il n'aurait bien entendu s'agit que d'une tumeur bénigne.
– Ce que vous avez oublié de préciser. Sachez que chez le commun des mortels «tumeur» n'a rien de banal et fait penser au pire». Il a levé les yeux au ciel en secouant la tête.
C'est vrai, la médecine fait des progrès à pas de géant et on soigne des maladies qui étaient incurables il n'y a pas si longtemps. Mais si nos médecins sont devenus des techniciens hors pair, certains (peu nombreux, heureusement) ont oublié que les patients n'étaient pas que des mécaniques à réparer mais aussi des êtres humains avec leur peur de la souffrance, de la maladie, de la mort et qu'il fallait apprendre à rassurer et à réconforter. Car, dans tous les cas, le moral est déterminant.