Association des éditions Cocagne MAISON DE LA MÉMOIRE & DES ÉCRITURES

Droit à l'intimité

13 juillet 2023 |  

Jusqu'à maintenant, seules les vedettes du spectacle ou de la politique souffraient de voir leur intimité (vraie ou inventée) à la une des médias. Ils apprenaient à se protéger, même si pour certains cela finissait très mal, comme pour Lady Di. Aujourd'hui, non seulement les célébrités sont de plus en plus exposées, à la merci de l'indiscrétion d'un anonyme qui mettra sur le net des photos indiscrètes prises avec son portable, mais n'importe qui est exposé sans être armé contre ce genre d'agression. 

C'est ce qui vient d'arriver à Anaïs, la très jeune fille de Yolande, une amie de Mathilde. A 16 ans, elle vient de vivre sa première histoire d'amour qui s'est bien mal terminée. De plus en plus amoureuse de son «Prince charmant» Anaïs n'a pas hésité à répondre à sa demande de faire une «vidéo de charme». Un strip-tease qui devait rester privé et qui s'est aussitôt mis à tourner sur internet avec un chiffre record de followers et dont se sont régalés tous les copains et copines du collège qui se sont mis à la harceler et à la traiter comme une fille facile.

Pour le citoyen lambda on déborde de la sphère intime. On est videosurveillé, géolocalisé, épié dans ses choix sur internet et immédiatement sollicité pour d'autres achats. Vos dérapages, postés sur la toile ne peuvent plus être effacés. Un employeur potentiel, une tante à héritage en seront informés, même très longtemps après le faux pas. Avons-nous encore une vie privée ? On constate une pression de plus en plus forte, une intrusion des marchands – avec notre consentement. Il conviendrait d'être plus prudent et de réfléchir avant de remplir un formulaire pour soi-disant gagner une voiture ou une somme mirobolante. Par le passé, les gouvernements s'octroyaient l'obéissance du peuple en lui promettant la réussite sociale et l'abondance. Ce rêve s'étant révélé impossible à atteindre, on promet maintenant de nous protéger, non pas de la misère qui est déjà là, mais des plus pauvres, à condition d'accepter d'être surveillés. La solution pour, malgré tout, garder un jardin secret serait de mentir. En naviguant sur la toile sous différents pseudos. On peut aussi instaurer des réunions sans téléphone, ni ordinateur. Tout un week-end entre amis – ou en amoureux – sans «communiquer» par internet. Et reprendre l'habitude des tête-à-tête avec un bon livre pour recommencer à exercer son imaginaire, sans prothèses technologiques.

Quand à Anaïs, une plainte a été déposée et sa mère l'a changé de collège.