7 décembre 2023 | Le Billet de Mathilde
Eric, petit fils de Mathilde est venu chercher refuge et compréhension auprès de sa grand-mère. Il vient d'avoir dix-sept ans et il a décidé d'assumer ses choix. Très habile de ses mains et d'une grande intelligence pratique, il n'a jamais été intéressé par l'école où il s'est toujours senti déplacé et incompris. Il a la passion du bois qu'il transforme depuis son plus jeune âge en objet à la fois beaux et utiles. Mathilde soutient son choix au grand dam de sa mère qui ne jure que par les diplômes. Il y a quarante ans de cela, un jeune qui ne réussissait pas dans ses études, pouvait s'installer à son compte et réussir dans le secteur de l'artisanat ou du commerce et, à condition de ne pas avoir peur de beaucoup travailler, de rester déterminé et persévérant il finissait par se faire une place au soleil. C'est l'origine de pas mal d'entreprises, toujours prospères, de notre région. La différence, c'est qu'à cette époque-là, à condition de présenter quelques garanties de sérieux et de compétence, les banques accordaient prêts et facilités ce qui, pour la plupart d'entre elles, a complètement disparu de leurs pratiques.
Notre société va mal pour des tas de raisons objectives mais, fondamentalement et profondément, parce que notre jeunesse ne peut plus croire en son avenir. L'espoir d'une vie meilleure est difficile à cultiver. A toutes les époques, les parents ont espéré une vie meilleure pour leur progéniture. Cette attente n'est plus crédible. En même temps, la valorisation du travail, de l'effort et de l'honnêteté n'est plus à la mode. Dans les milieux les plus modestes, les jeunes rêvent de fortune médiatique et immédiate. On ne veut plus devenir docteur ou instituteur. Mais footballeur, acteur ou chanteur.
Mathilde est fière de l'engagement de son petit-fils Eric. Il va travailler avec Gaston, ami de toute une vie, brillant intellectuel en soixante huit, promis à un bel avenir universitaire et qui avait choisi de devenir menuisier – et aussi un peu ébéniste. Il saura encourager le «gamin» dans son choix et lui apprendra son métier avant de prendre une retraite bien méritée.
Il faudra bien inventer, là aussi, des solutions pour croire à nouveau en demain et réinventer un futur où chacun, dans les nouvelles générations, pourra prendre sa juste place sans rien enlever à son voisin.