17 août 2023 | Le Billet de Mathilde
À tous les âges de la vie, il y a des accidents qui nous fragilisent et où la dépression guette. Une maladie grave, un deuil, une rupture. Mais il arrive que certains états dépressifs s'installent à petit bruit, sans raison apparente. Avec deux périodes critiques, à la fois opposées et proches. L'adolescence et la fin de l'âge adulte. Deux époques où le corps se transforme et où on doit s'adapter avec plus ou moins de bonheur. Notre regard change – et d'abord celui des autres – sur nous-même. Et la révélation peut être brutale et mal acceptée. Et d'une grande violence, d'abord pour les femmes, dans notre société qui privilégie le paraître
Mon amie Mathilde vient d'en faire l'expérience. Responsable d'une association, elle expédie un volumineux courrier plusieurs fois par semaine et maîtrise parfaitement le fonctionnement pas toujours évident des automates pour l'affranchissement. Au moment où elle allait procéder comme d'habitude, une toute jeune fille s'est précipitée vers elle en criant : «Mamie, Mamie. Je vais vous aider». Comme elle répondait qu'elle ne lui avait rien demandé, l'autre a lui a dit : «Mais à votre âge !». «Je vous en souhaite autant quand vous l'aurez mon âge. Si vous y parvenez !»
Toujours passionnée par ce qu'elle fait, Mathilde ne s'est pas vue vieillir. La prise de conscience a été brutale et ravageuse.
Soit on accepte cette évolution naturelle du physiologique en prenant soin de sa santé et de son hygiène de vie pour ralentir le processus et rajouter du temps au temps, soit on la refuse et c'est la fuite en avant avec des partenaires plus jeunes et des activités épuisantes dont il faudra payer le prix.
Par rapport aux suicides chez les adolescents, ils sont cinq fois plus nombreux entre soixante et soixante quinze ans et dix fois plus, après quatre vingt cinq ans.
Lorsque c'est un proche qui semble se renfermer sur lui et perdre le goût de ce qu'il aimait jusque-là, il faut devenir vigilant. L'encourager à consulter, à exprimer son inquiétude et le rassurer. Ne pas donner de conseils mais faire preuve d'indulgence et d'écoute, partager de bons moments, des souvenirs et expliquer qu'il s'agit d'une maladie dont on guérit.
Accompagnant ou soi-même dépressif, on peut trouver de l'aide auprès d'associations : www.sos-amitié.com, www.france-depression.com. Et en cas d'urgence appeler le 15 (ligne fixe) ou le 112 (portable).