Association des éditions Cocagne MAISON DE LA MÉMOIRE & DES ÉCRITURES

Hypocondrie*

4 mai 2023 |  

Paul assiste parfois à nos réunions chez Mathilde. Lorsqu'il n'a pas rendez-vous chez le médecin. Il faudrait plutôt dire chez «les» médecins. Depuis toujours, Paul souffre d'hypocondrie*. Il concernerait deux Français sur dix et ce serait la première cause du trou de la Sécu. Molière l'avait mis en scène dans sa pièce «Le malade imaginaire». Pain béni pour une comédie. Un film existe sur le sujet qui fait rire à coup sûr. «Confessions d'un hypocondriaque» est d'abord un livre que nous avons été nombreux à dévorer. 

La réalité est moins drôle. Les personnes, atteintes de ce qui est une vraie maladie, vivent un enfer qu'ils font généreusement partager à leur entourage. Le conjoint, lui, n'est pas autorisé à tomber malade et n'a jamais droit ni aux attentions, ni à aucune marque d'intérêt. Quels que soient ses soins, sa patience, ses paroles rassurantes, rien n'y fait. Tout est toujours à recommencer. Ruineuses consultations de spécialistes non conventionnés, chaque article médical lu, chaque émission de télé vue, ancrent la conviction d'être atteint. Montagne de médicaments qui, avec leurs effets secondaires, finissent par affecter les organismes les plus résistants. C'est un cercle vicieux. Mais, voilà. Ces patients, malades dans leur imagination, mais dont le mal-être est réel, protestent de leur bonne santé mentale.   

Catherine qui a épousé Paul il y a quarante ans n'en peut plus. A la veille de prendre sa retraite elle envisage sérieusement de demander le divorce. Elle lui a mis le marché en mains. «Soit tu te soignes, soit je te quitte».

D'abord il n'a pas pris sa menace au sérieux. Maintenant le voilà avec un sujet supplémentaire d'inquiétude, bien réel celui-là. Il a décidé d'aller voir un psy.

*Inquiétude permanente concernant la santé, l'état et le fonctionnement des organes, provoquée par un trouble psychique bénin (anxiété) ou grave (psychose).