Association des éditions Cocagne MAISON DE LA MÉMOIRE & DES ÉCRITURES

La blanche

24 novembre 2022 |  

Depuis six mois, Mathilde a un nouveau voisin. Seul, récemment divorcé, Julien qui a créé son entreprise, travaille plus de douze heures par jour y compris le week end. Il vient d'être hospitalisé en urgence à la suite d'une crise cardiaque. On a d'abord diagnostiqué un burn-out. Mais très vite on a découvert que ce quadra était consommateur-dépendant à la cocaïne. C'est ainsi que l'actualité fait ses gros titres sur la mort soudaine d'un artiste, d'un personnage à la mode – crise cardiaque, suicide… – qu'on dit inexplicable alors que tout marchait si bien pour lui.
La consommation de la cocaïne aurait plus que doublé depuis dix ans dans notre pays. Avec sa «démocratisation», elle touche à présent tous les milieux. Le consommateur type exerce une activité professionnelle épuisante ; il doit trouver de quoi tenir sans avoir à se reposer. Selon le nombre d'accros récemment avancé par les statistiques, nous avons tous un ou plusieurs proches concernés. On peut être alerté par un besoin constant de toujours plus d'argent qui peut signifier une consommation régulière. Car même si les prix ont baissé, la «blanche» coûte cher. Des sautes d'humeur sont aussi significatives. Euphorie, hyperactivité, accès de violence alternant avec des phases d'abattement, de déprime qui peuvent déboucher sur des actes suicidaires ou des attitudes «paranos». Physiquement, une perte rapide de poids, des saignements de nez sont des alertes à prendre au sérieux. Le sevrage doit être accepté par la personne dépendante et se faire dans un cadre médical avec un suivi psychologique. La prise en charge durera au minimum trois ou quatre ans, pour éviter tout risque de rechute.
Il faudrait ajouter ces addictions-là aux risques d'accidents de la route. Pourtant, ils ne font l'objet d'aucun test de détection, lors des contrôles routiers.