18 septembre 2021 | Le Billet de Mathilde
Mathilde faisait un cauchemar pénible : elle était sous une cataracte d'eau froide lorsqu'elle décida de se réveiller. Pour constater qu'il ne s'agissait pas d'un rêve. A 2h et demie du matin, sa chambre était inondée par un flot qui descendait du plafond directement dans son lit. Affolés, ses chats réveillés comme elle en sursaut, la considéraient avec reproche. Elle poussa le lit dans le seul espace préservé de la chambre, installa des bassines et autres contenants, et fit le tour de la situation. Un coup d'oeil dans l'escalier lui apprit que celui-ci s'était transformé en chutes du Niagara. Elle eut une pensée de compassion pour toutes les victimes passées et futures d'inondations : désolation et de désespoir. Dans l'incapacité d'agir dans l'immédiat, elle décida que l'urgence était de dormir un peu. Changer le lit, rassurer les chats et se rassurer en même temps. Très vite tout le monde se mit en boule et s'endormit, bercé par les ronronnements. Réveillés par un grand soleil, le premier geste fut de convoquer le charpentier. Et de prendre la mesure des dégâts. Les livres précieux avaient bien résisté, protégés par ce solides cartons à présent tous bons à jeter. Un gros travail de tri et d'évacuation. Ce que Mathilde remettait depuis trop longtemps. Elle considéra que cette mésaventure était un avertissement à prendre en compte : trier et classer tout ce qu'elle avait ramené d'un garage trop cher pour elle. L'autre bénédiction était d'avoir constaté le grand bonheur de ne pas être seule devant cette épreuve ; les chats l'avaient soutenue et réconfortée. Un argument dont elle se souviendrait lorsque l'un ou l'autre de ses «amis» lui reprocherait de dépenser son argent – alors qu'elle en avait si peu – à entretenir cette «ménagerie» soit disant inutile : sa vraie famille.