19 mai 2022 | Le Billet de Mathilde
Pendant les vacances notre amie Mathilde a reçu chez elle ses petits enfants parisiens que les petits enfants de sa voisine et amie, du même âge, sont venu visiter tous les jours. Et elle a cru vivre l'enfer. Avec, dans le rôle de diablesse en chef, Emilie sa petite fille de 14 ans. Six ados qui paraissaient sorti du même moule. Impossible d'abandonner leur précieux portable même pour dormir. Impossible de respecter un minimum de règles : se mettre à table ensemble à heures fixes, dire «s’il te plaît» et « merci», éviter de répondre à un appel ou à un SMS pendant les moments d'activités communes. Tous ce qui les passionnait il y a seulement quelques mois est devenu sans intérêt et «nul», selon leur propre expression.
Mais le pire était à venir. A force de promesses et de cajoleries, Emilie a obtenu de Mathilde qu'elle leur laisse faire une «mega fête» avant la fin des vacances en leur abandonnant la maison pendant deux jours. A son retour elle a trouvé les lieux dans un désordre indescriptible et, à deux heures de l'après midi, tout ce petit monde entassé dans une chambre en train de dormir. Elle les a secoués pour s'apercevoir qu'en fait, ils étaient ivres morts. Quelques heures et une douche plus tard, le «chef» Emilie lui a expliqué qu'ils avaient tout organisé selon une nouvelle mode expérimentée à l'occasion de son séjour linguistique en Angleterre en cours d'année scolaire. Il s'agit de pratiquer la «saoulorexie» (contraction de saoul et anorexie). Pour boire un maximum d'alcool sans grossir, on arrête de manger afin de limiter les calories. Cette pratique, qui touche les jeunes de tous les milieux entre 13 et 18 ans et plus, est aggravée par le «binge drinking» (biture express) qui consiste à boire un maximum d'alcool (environ sept verres) en un minimum de temps pour se sentir «bien». Avec des conséquences graves et souvent irréversibles sur ces organismes en formation, en détruisant les neurones et en perturbant le fonctionnement du cerveau, notamment les centres de la mémoire, de la prise de décision et de la pratique de nouveaux apprentissages. Avec une altération significative du comportement et une baisse de performance. Mathilde s'est appliquée à ébranler l'assurance de la jeune Emilie qui se croyait très bien informée, mais ignorait les méfaits de la surconsommation d'alcool ainsi que la plupart des règles de base de l'hygiène alimentaire. Elle a terminé en déclarant être très déçue par sa petite fille qui avait trahi sa confiance et qu'elle ne pourrait plus l'accueillir tant qu'elle persisterait dans cette voie.
L'adolescence a toujours été l'époque où l'on teste ses limites. Malheureusement certaines pratiques actuelles, modélisées par les nouvelles technologies, ont des conséquences irréparables sur la santé et l'avenir des adolescents. Avec des parents-copains ou absents, totalement désemparés devant le phénomène.