4 novembre 2022 | Le Billet de Mathilde
Jean, compagnon de Marie, tous deux amis de Mathilde, est dans la peine. Sa mère, à qui il consacrait beaucoup de temps, est décédée assez brusquement. Elle avait quatre-vingt-quinze ans. Certains diront qu'à partir d'un certain âge il est naturel de céder la place aux nouvelles générations et qu'il est dans l'ordre des choses de voir nos parents nous quitter. Qu'il est bien plus difficile de perdre ses parents lorsqu'on est encore enfant. Pourtant on est orphelin à tout âge et les sentiments ne se commandent pas. Chacun est libre de vivre – ou de ne pas vivre – un deuil quel qu'il soit. On garde longtemps l'habitude de penser : «Il faudra que je lui dise cela». Ou bien, en faisant des courses : «Tiens je vais prendre ça. Ça lui fera plaisir» et on suspend son geste car tout à coup on se souvient. Ça fait mal aussi de fréquenter des endroits où on avait l'habitude d'aller avec la personne disparue.
Quel que soit l'âge où elle nous quitte, une mère – même la moins aimante – c'est celle qui nous a donné la vie. Elle est la sentinelle qui nous protège de notre propre disparition. Lorsqu'elle disparaît on se retrouve en première ligne, en quelque sorte. C'est une page difficile et douloureuse à tourner. Heureusement, Jean n'est pas seul dans cette épreuve et ce fut un grand réconfort pour sa maman de savoir que Marie était à ses côtés. Éloignée géographiquement de ses parents qu'elle ne voit pas souvent, elle avait «adopté» la mère de Jean et une relation belle et forte s'était tissée entre les deux femmes. Le temps les aidera, tous les deux ensemble, à adopter d'autres habitudes de vie. Mais, d'une certaine manière, celle qu'ils ont aimée continuera à vivre dans leur cœur aussi longtemps qu'eux.