9 avril 2023
Mathilde est outrée. Et dans ce genre de situation, elle ne manque pas de partager son avis avec qui veut l'entendre (et même avec ceux qui ne voudraient pas !). Et nous, cercle rapproché de ses amis, nous y avons eu droit.
De sa grand mère qui connaissait ce qu'on appelle «les simples» c'est-à-dire les herbes qui soignent qu'elle utilisait au quotidien, elle a gardé une science encyclopédique en la matière. Et elle a été scandalisée en découvrant dans un magazine de grande diffusion une publicité qu'elle qualifie de scandaleuse.
Un fabricant de produits chimiques, spécialisé dans les herbicides, illustre l'action foudroyante et définitive «jusqu'à la racine» de son produit-phare en représentant une «mauvaise herbe», cauchemar des jardiniers en général et des propriétaires de pelouse en particulier.
Il s'agit du Taraxacum officinale, également appelé «dent-de-lion», «laitue-de-chien», «salade-de-taupe», plante commune des prés et des talus. Elle est utilisée depuis des siècles pour ses nombreuses vertus et figure en bonne place dans les recommandations en phytothérapie. Il s'agit, sous son appellation commune, du pissenlit* dont on utilise toutes les parties : feuilles, fleurs, racines. Elle soigne les infections urinaires, les calculs rénaux, elle stimule la sécrétion de bile en soulageant le foie, vidange la vésicule biliaire en cas de digestion difficile. Elle soulage également la constipation, l'arthrose, augmente l'appétit, éclaircit le teint… La liste de ses bienfaits est encore longue.
Ici comme ailleurs, tout est relatif. Cette plante que ce pourvoyeur en poison identifie comme l'ennemi à exterminer (est considérée par ailleurs comme une panacée, remède à de nombreux maux. Car rien n'est noir ou blanc. Et ce qui paraît noir à certains est blanc pour d'autres. Où selon les époques et les modes. Et réciproquement. Réfléchissons-y à deux fois avant de porter un jugement définitif. Sur une «mauvaise herbe» du règne végétal ou… humain.
*Les éditions Larousse ont été créées par Pierre Larousse en 1852 et c'est le dessinateur Emile Auguste Reiber qui invente le «pissenlit» associé à la devise «Je sème à tous vents». Ce personnage féminin qui souffle sur les aigrettes d'un Taraxacum, symbolise la haute mission des dictionnaires Larousse de semer et diffuser la connaissance par un choix devenu une «mauvaise herbe» à exterminer. Triste dérive de notre époque de «progrès».