15 février 2024 | Le Billet de Mathilde
Claudette, l'amie de Mathilde, vient de fêter ses cinquante ans. Et, en même temps, de se retrouver brusquement au chômage, après un licenciement économique. A l'heure où l'on nous promet de mourir centenaires et en bonne santé, bien qu'elle ne soit – d'après les calculs de nos statisticiens – qu'à la moitié de son existence et qu'on nous encourage à travailler davantage et plus longtemps, elle n'arrive pas à retrouver un emploi. Son expérience et ses compétences sont appréciées, son charisme également, mais tout se gâte dès qu'elle annonce son âge.
Alors qu'un patron dit hésiter à embaucher une jeune mère de famille, candidate à l'absentéisme pour cause de maladie des enfants ou pire, pour grossesse récidivante, hors de toute logique, à qualification égale – ou même inégale – il choisira la moins âgée, plus agréable à regarder et peut-être aussi plus facile à impressionner.
On n'a jamais tant exalté les vertus de la jeunesse. Nos écrans de publicité en font l'apologie. Il faut être jeune, beau, riche et dynamique. Les vieux doivent suivre l'exemple : être sportifs – pour rester minces – et consommer de tout le plus possible. Cette tranche d'âge est devenue la cible privilégiée de notre société de marchands.
Il est pourtant des secteurs d'activité où l'on doit acquérir un savoir-faire, fruit d'une longue pratique sous le regard d'un maître : je veux parler de l'artisanat. C'est ainsi que se perd le goût et l'amour du travail bien fait et que l'on jette de plus en plus, faute de savoir réparer.
On peut rêver du jour où nos « anciens » vont se solidariser pour remettre cette société dans le bon chemin, en prenant des initiatives surprenantes et inédites. Comme, par exemple, le projet de Claudette : créer une agence d'intérim «hors d'âge», synonyme de qualité supérieure, comme le meilleur whisky. Mathilde a trouvé l'idée géniale. Son amie peut compter sur son soutien actif et enthousiaste.