Association des éditions Cocagne MAISON DE LA MÉMOIRE & DES ÉCRITURES

Mieux vaut être jeune, riche et bien portant…

26 décembre 2020 |  

… que vieux, pauvre et malade. Voilà un sarcasme sous forme de proverbe qui devient de plus en plus vrai dans notre société.

Ma vieille amie Mathilde qui a travaillé sans salaire trois décennies pour un compagnon – aujourd'hui disparu – qui l'a épousée trop tard pour qu'elle puisse bénéficier d'une retraite de réversion, vient de connaître une nouvelle mésaventure.

Grâce au minimum vieillesse, elle survit méthodiquement ; il lui arrive même de mettre de l'argent de côté, en ne dépensant que pour le nécessaire. Elle peut ainsi rendre service à plus malheureux qu'elle, en toute conscience : elle n'attend rien en retour et elle est rarement déçue. Ce qui lui permet de vivre avec légèreté, sans amertume.

Il y a quelques temps, elle s'est entièrement mise à la disposition d'une amie hospitalisée. Elle a réglé pour elle trois factures urgentes. Et quelle n'a pas été la stupéfaction de Mathilde de trouver trois courriers lui notifiant ces trois chèques-là rejetés, sans provision. Elle a aussitôt rendu visite à sa banque où elle a appris que sa pension n'avait pas été versée. Problème informatique. Une erreur qui serait réparée dans un délai de trois semaines…

Chacun des courriers reçus le même jour lui sera facturé 16,65 euros et chaque chèque rejeté 50 euros. Soit 200 (199,95) euros, correspondant à plus d'un tiers de son revenu mensuel. Pourquoi pas un seul courrier pour moins de frais ? Et pourquoi son «conseiller personnel» – qui n'oublie pas de l'appeler au téléphone pour l'inciter à faire des placements dès qu'elle a un peu trop d'argent sur son compte – ne l'a-t-il pas informée de cette situation ? Mathilde a envoyé une lettre recommandée au directeur de la banque…