9 janvier 2021 | Le Billet de Mathilde
Plusieurs fois déjà, Mathilde avait rencontré cet ami d'enfance devenu médecin chez les commerçants du quartier et elle avait eu l'impression qu'il la battait froid. Il lui était arrivé d'aller le consulter pour un rhume ou une sciatique. Il y a deux jours, ils se sont trouvés face à face : il sortait de chez le marchand de journaux alors qu'elle allait y entrer. Pas d'échappatoire possible. Il ne répondit pas à son salut si ce n'est par un regard noir. Mathilde n'avait pas rêvé : il lui en voulait. Elle s'étonna et il s'irrita encore davantage. Il finit par lui dire qu'il ne la saluait plus parce qu'elle ne fréquentait plus son cabinet ; il en avait conclu qu'elle avait choisi quelqu'un d'autre comme médecin référent. Mathilde était éberluée. Pour lui, sa trahison était indubitable. Il ne lui est même pas venu à l'idée que, tout simplement, elle n'avait pas eu besoin de ses services car elle n'avait pas été malade. Ses protestations n'ont servi à rien et son «vieux copain» ne l'a pas cru.
La mode est au psychosomatique : tout est devenu maladie et tout se soigne par des cachets multicolores. Pourquoi ne pas inventer un système de bonus qui récompenserait celui qui, grâce à une bonne hygiène de vie, conserve et entretient une excellente santé ? Pourquoi ne pas prendre modèle sur le principe de la médecine chinoise qui veut que l'on paie son médecin tant qu'on est en bonne santé pour être soigné gratuitement lorsqu'on est souffrant, privilégiant ainsi la prévention aux soins, le praticien voyant sa responsabilité engagée en cas de maladie.