9 juin 2023 | Le Billet de Mathilde
Il y a quarante ans, commençait l'histoire entre Mathilde et celui qui devint son mari. Un intellectuel – et bien plus que cela – auprès duquel elle se sentait tellement petite et ordinaire. Ce furent deux décennies de travail acharné, sans un seul jour de vacances, jusqu'à sa disparition. «Demain soir nous irons au théâtre». Dans une ville assez éloignée. Voir une pièce où jouait quelqu'un dont il parlait avec un grand respect et beaucoup d'admiration. A tel point qu'à chaque fois elle s'en sentait jalouse.
Et là Mathilde a compris ce que voulait dire «brûler les planches». La comédienne ne tenait pas le rôle principal mais on ne voyait qu'elle. Mathilde ne se souvient d'ailleurs pas du tout des autres acteurs. Ils étaient partis dès la fin du spectacle et elle avait été étonnée qu'ils n'aillent pas rencontrer la troupe et, surtout, elle. Mais son mari «n'aimait pas déranger». Il n'avait d'ailleurs pas prévenu de sa présence.
Elle n'avait à nouveau rencontré Monique que bien des années plus tard et leur amitié s'était épanouie après la mort de son mari. Mathilde avait alors été stupéfaite de constater que cette femme magnifique qu'elle enviait toujours un peu ne s'aimait pas et n'avait pas du tout conscience de son talent. C'est sans doute ce sentiment qui les avait rapprochées. Elles continuent à se voir lorsque les pas de la comédienne l'amène près de chez Mathilde. Elles partagent alors un repas avant qu'elle reparte.
Dans le domaine de la création, on connaît tous des personnes pas forcément brillantes qui ont pourtant une haute opinion d'elles-mêmes. Et de temps en temps – trop rarement – on rencontre une étoile qui redonne des couleurs à la vie, le temps d'un spectacle ou d'une rencontre. Merci à elles. Merci Monique.