2 février 2023 | Le Billet de Mathilde
Notre dernière rencontre chez Mathilde a été agitée. Son ami Germain, venu lui rendre visite, était furieux. Du même âge qu'elle, elle l'avait connu lorsque, à seize ans, il était devenu apprenti dans le bâtiment. Ils faisaient partie, lui et elle, de la génération qui a dû commencer à gagner sa vie de bonne heure. A présent il a largement accompli les annuités nécessaires pour faire valoir ses droits à une retraite bien méritée. Les heures passées à exercer ce métier dans le froid l'hiver, la chaleur l'été et avec les accidents du travail inévitables, devraient être pris en compte par rapport à un emploi de bureau. Mais il est trop jeune ! Il est donc obligé de passer plusieurs années encore à travailler et son patron et lui continueront à payer des cotisations de retraite pour rien. Il faut préciser que les années d'apprentissage étaient très peu rémunérées et ne donnent pas de points de retraite.
On parle de revenir à l'apprentissage. C'est vrai que c'est un bon moyen d'apprendre un métier. Cela permet aux anciens de transmettre leur expérience. Certains, si c'est leur choix, devraient pouvoir continuer à travailler à temps partiel et faire profiter les débutants de tout leur savoir-faire. A condition que cette période soit néanmoins revalorisée. On peut entendre que l'inexpérience d'un jeune n'a pas la valeur d'un ouvrier qualifié et que son salaire doit être calculé en conséquence. Mais pas au point de passer à la trappe les cotisations de retraite.
Notre ami verra les «grandes vacances» arriver bientôt. Le temps passe toujours plus vite qu'on le croit. Il partira s'installer dans la belle région dont sa femme est originaire. Mathilde le regrettera. Sa gentillesse et sa gaieté naturelle lui manqueront comme à son patron qui aura du mal à le remplacer. Mais tous ses amis seront contents de le savoir heureux à s'occuper à aller à la pêche, à bricoler ou à jouer aux boules avec ses amis.