24 janvier 2025 | Le Billet de Mathilde
Il y a deux ans et demie, Mathilde avait dû reprendre un travail car le minimum vieillesse qu'elle touchait rendait les fins de mois difficiles. Comme elle ne trouvait rien en rapport avec ses compétences professionnelles elle avait accepté de s'occuper, d'un vieux monsieur qui restait très diminué après trois AVC. Ils s'étaient bien habitués l'un à l'autre et elle lui rendait volontiers son sourire lorsqu'elle entrait dans sa chambre. Il est décédé au début de ce mois. Mathilde en a ressenti un chagrin immense, ce qu'elle n'aurait pas imaginé. Et ses ressources s'en sont, d'un seul coup, trouvées très diminuées.
Elle n'a pas envie de rechercher ce genre d'emploi mais il n'y en a pas d'autres. Elle a donc décidé de supprimer tout ce qui n'est pas indispensable dans sa vie. Et en priorité la voiture qui était indispensable parce qu'elle travaillait.
Mathilde habite en ville : après 20h on se croirait en temps de guerre au moment du couvre-feu. Plus de lumière nulle part, plus personne. Et malheur à celui qui n'a pas pensé plus tôt au repas du soir. Tout fonctionne au rythme des administrations qui perdurent encore au cœur de la cité. Tout s'arrête à l'heure de la fermeture des bureaux. Les commerces vitaux, d'alimentation ou de première nécessité ont disparu.
L'activité de la société s'organise autour de la voiture. Et faute de véhicule motorisé, il faut prendre le bus pour se rendre dans les zones commerciales loin en dehors des villes afin d'assurer le ravitaillement basique minimum.
Notre société s'organise de plus en plus autour des plus forts, ceux dont le pouvoir d'achat autorise une marge budgétaire de plus en plus conséquente, consacrée aux dépenses non nécessaires mais devenues indispensables, en oubliant les plus faibles qui se trouvent marginalisés et en précarité.
Une réflexion s'impose pour chacun de nous au quotidien. Pour nous et aussi pour nos enfants qui reproduiront nos choix en les aggravant.