11 septembre 2020 | 0 commentaire | Le Billet de Mathilde
Cinq jours après son hospitalisation, l'amie de Mathilde s'en est allée. Elle s'étaient connues très jeunes, dans des réunions, déjà, de cultureux de tout poil. Gens de théâtre, de cinéma, de danse, d'écriture, de peinture… C'était une époque où la jeunesse refaisait le monde tous les matins – et surtout toutes les nuits. Où les coeurs et les corps étaient libres et les filles sommées de s'émanciper. Elles s'étaient perdues de vue, puis retrouvées, sans s'oublier jamais. L'amie de Mathilde, sans rentrer dans les rangs, s'était quelque peu assagie, en gardant toujours le talent de s'enflammer et de se révolter contre l'injustice, le mensonge, la bêtise, la malhonnêteté. De sa plume alerte de journaliste, elle se faisait le porte parole de toutes les causes généreuses d'associations qu'elle défendait et qu'elle faisait connaître. Dans le paysage culturel et social de sa ville elle ne sera pas remplacée. Malgré ses antipathies instinctives et viscérales, beaucoup l'appréciaient et recherchaient sa compagnie.
Le hasard des rencontres nous fait croiser quelquefois l'un de ces êtres lumineux qui nous laissent un peu de leur éclat. Cette lumière-là continuera d'éclairer longtemps les pas de ceux qui l'ont rencontré.