10 avril 2021 | Le Billet de Mathilde
Mathilde a fait une mauvaise chute en revenant de faire des courses en ville. Elle s'est fracturé un orteil.
De radio, en examen et IRM, le diagnostic a été prononcé. Il faut qu'elle se fasse opérer. Sa vie devient de plus en plus compliquée. Elle doit demander de l'aide pour ses courses, pour s'occuper de ses animaux. Le geste le plus anodin se transforme en souffrance et en problèmes insurmontables. Comme ce matin où elle a pris sa douche, comme d'habitude. Mais elle avait mis toutes les serviettes de toilette à laver en oubliant de les remplacer. Elle s'est retrouvée toute mouillée, obligée de claudiquer jusqu'à l'armoire à linge, de l'autre coté de la maison. Elle a donc décidé de revoir de A à Z l'organisation de ses rangements, vu les circonstances, et d'une manière plus générale parce que, avec l'âge, un pas de plus ou de moins commence à compter.
En parlant ensemble de ses difficultés nouvelles, nous avons pensé à toutes ces personnes plus ou moins handicapées – pour certaines définitivement – et qui sont obligées de faire avec. Il faut se retrouver provisoirement dans ce genre de situation pour s'apercevoir combien notre mode de vie est mal adapté aux personnes à mobilité réduite et combien on se soucie peu d’elles. Pour aller passer une radio à l'hôpital Mathilde a dû se garer très loin et marcher longtemps à l'aller et au retour, sans trouver un seul banc où s'asseoir pour se reposer. Sans parler des voitures qui roulaient à toute allure dans l'enceinte du bâtiment sans s'arrêter, mais en klaxonnant furieusement afin que l'on s'écarte. L'évolution d'une société ne se mesure-t-elle pas au soin et à la considération qu'elle accorde aux plus faibles ? Sans commentaire.