24 juillet 2021 | Le Billet de Mathilde
Il n'y a pas si longtemps, les opérations financières s'accomplissaient entre gens de bien. Les humbles étaient payés à la semaine, puis au mois, mais en espèces. Mathilde voyait alors sa mère «faire les enveloppes». Une pour se nourrir. Une pour s'habiller. Une pour le loyer et les charges et, en faisant très attention, en rognant sur tout ce qui n'était pas nécessaire, il y en avait une pour «l'argent à mettre de côté», sou après sou, en vue d'une grosse dépense ou en cas de coup dur. Dans chaque foyer modeste on faisait ainsi. C'est, en somme, sur ce principe que se sont créées les banques dites «mutualistes». Avec cette image de l'écureuil qui, noisette après noisette, constitue une réserve pour les mauvais jours. Ces établissements affichent encore soit la dénomination, soit le dessin du petit animal roux devenu aussi abstrait que leur pratique. Car cela fait longtemps que ces officines ont fait le choix, non plus d'encourager l'épargne ou de soutenir les initiatives individuelles, mais de consacrer l'argent qui leur est confié à spéculer en bourse comme d'autres jouent au casino. La différence c'est que ceux-ci risquent de se ruiner en engageant l'argent qui leur appartient, ce qui n'est pas le cas des banques. Lorsque les bénéfices étaient pharaoniques, vous est-il arrivé d'enregistrer des versements équivalents sur votre compte bancaire ? Par contre, la solidarité doit jouer lorsqu’il faut sortir ces beaux messieurs de l'embarras parce qu'ils ont été imprudents, pour ne pas dire malhonnêtes, avec l'argent qui ne leur appartenait pas. Et, juste retour des choses, on les tire d'embarras avec l'épargne populaire. L'argent des enveloppes de la pauvre mère de Mathilde.