16 septembre 2022 | Le Billet de Mathilde
Mathilde a accompagné son amie sur la tombe de sa fille, deux ans après sa brusque disparition. « Je ne peux pas imaginer qu'elle soit là ». Non. Certainement pas. Si elle demeure, c'est dans la mémoire et dans le cœur de ceux qui l'ont aimée. Si elle demeure en quelque lieu, ce n'est pas dans ce cimetière de campagne mais bien là où est sa mère qui était la seule personne qui comptait vraiment pour elle. Ceux qui partent ne nous quittent pas vraiment. Ils ne disparaissent pas. Ils se manifestent autrement. Et nous ressentons parfois leur présence, dans nos rêves ou dans un souffle d'air, dans une lumière, une densité, une impression de plénitude ou de joie qu'on ne s'explique pas. Nous les rejoindrons lorsque l'heure sera venue. Ce n'est pas à nous de le décider ni de l‘anticiper. Trop émue, Mathilde n'a pas su trouver les mots pour réconforter son amie. Pour ceux qui, comme elle, accompagnent un chagrin qui ne passe pas, ce texte attribué à Charles Péguy d'après Saint Augustin.
« La mort n'est rien, je suis seulement passé dans la pièce à côté. Je suis moi. Vous êtes vous. Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours. Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné, parlez-moi comme vous l'avez toujours fait. N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel ou triste. Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Souriez, pensez à moi. Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte, sans une trace d'ombre. La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été. Le fil n'est pas coupé. Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin. »