14 juillet 2022 | Le Billet de Mathilde
Chaque semaine Mathilde passe un moment auprès de Simone, la maman d'une amie disparue trop tôt. Mathilde apprécie beaucoup les échanges avec cette femme étonnante, à présent seule au monde. Cette fois, Simone n'était pas en grande forme. Voilà, à peu près, ce qu'a été leur conversation, comme nous l'a racontée Mathilde.
Simone : Est-ce que ça se passera facilement ou bien, au contraire, est-ce que ce sera difficile ?
Mathilde : De quoi parlez-vous ?
S : Eh ! De la mort, pardi !
M : Quelle mort ?
S : La mienne !
M : Bon. Ce n'est pas pour tout de suite, si ? Je connais quelqu'un qui, depuis quarante ans, n'a jamais cessé de parler de sa mort. Il a passé toutes ces années à ne penser qu'à ça et à trembler de peur. Est-ce que ça ne suffit pas d'y penser juste avant que ça arrive ? Nous savons tous que nous allons mourir. C'est peut-être la seule véritable égalité entre nous tous. L'injustice c'est qu'il y en a qui meurent très jeunes, sans avoir vécu, d’autres qui souffrent énormément et d'autres pas du tout. Il me semble qu'il vaudrait mieux mettre toutes ses affaires en ordre et ensuite ne plus y penser pour prendre le temps de vivre, simplement.
S : Et est-ce qu'il y a quelque chose après ou pas ?
M : Peu importe. On le saura le moment venu. Pourquoi s'en soucier avant ? Moi, chaque semaine je me fais plaisir en vous rendant visite. Tant que nous sommes là toutes les deux, je m'attache à ne pas rater notre rendez-vous. A chaque moment il faut essayer de vivre une joie, un partage. Ne pas perdre son temps à se désespérer ou à être désagréable avec les autres. Les méchants, il faut les laisser et ne s'occuper que des autres. On est riche de ce qu'on donne. Pour moi l'amitié est le plus grand des trésors. Et ceux qu'on aime et qui partent deviennent nos anges gardiens. On sent parfois leur présence bienveillante et ça aide à continuer son chemin.
S : Je ne sais pas si vous avez raison mais j'ai envie de vous croire.
M : Faites donc !