Association des éditions Cocagne MAISON DE LA MÉMOIRE & DES ÉCRITURES

Trop jeune pour mourir

9 février 2023 |  

Monique, la meilleure amie de Mathilde est dans la peine. Son petit-fils de 10 ans vient de mourir. Il s'est suicidé à cause d'un mauvais carnet scolaire. 

En janvier, une fillette de 9 ans se jetait du cinquième étage de son immeuble dans la banlieue de Lyon. Sur un bout de papier, elle avait écrit quelques mots : «Je me suis tuée à cause de nounou, qui se mêle des affaires de tout le monde». Quelques semaines plus tard, un enfant de 11 ans se pendait, en Seine-Saint-Denis, après avoir reçu un avertissement scolaire. Inconcevables, les suicides d’enfants conservent plus que les autres leur mystère. Ils ont fait l’objet de peu d’études jusqu’à présent. 

Le suicide est la deuxième cause de décès chez les adolescents. Les passages à l’acte demeurent exceptionnels chez les moins de 15 ans (entre 30 et 100 chaque année), mais leur nombre serait largement sous-estimé : «Les comportements à risque enfantins, tels que le jeu de se pencher par la fenêtre ou de se faire frôler par les voitures, cachent des tentations suicidaires. Les adultes préfèrent souvent y voir des accidents, parce que l’idée du suicide d’un enfant est insupportable». Les filles tentent de mettre fin à leur vie plus souvent que les garçons, mais ces derniers y parviennent plus souvent.

Qu’est-ce qui pousse un enfant à se donner la mort ? Il existe des facteurs de vulnérabilité, comme les carences affectives très précoces. Il suffit alors d’un petit détonateur – une réprimande de trop, une dispute avec un proche – pour déclencher une réaction extrême, souvent très violente. A contrario, un petit geste, une parole peuvent détourner l’enfant de sa tentation. Et il arrive aussi que ce soit l'enfant, l'élément le plus faible, qui craque sous la pression d'une atmosphère familiale lourde due à des difficultés matérielles mal supportées ou à une mésentente entre les parents.

Il existe une multitude de signes avant coureurs, souvent mal interprétés par les parents. C’est un bon élève qui se désintéresse soudain de l’école, un adolescent sociable qui se met à s’isoler dans sa chambre ou un garçon au tempérament d’ordinaire calme qui «explose». Difficile métier que d'être parents. On peut se tromper à tout moment et punir lorsqu'il faudrait rassurer.