10 juillet 2021 | Le Billet de Mathilde
Mathilde a failli se retrouver à l'hôpital. En plein centre ville, une voiture lui a foncé dessus à grande vitesse, sans ralentir, ni freiner, alors qu'elle s’engageait sur un passage clouté. Elle n'a dû son salut qu'à son réflexe de faire un bond en arrière. Le conducteur, son portable à la main, était engagé dans une conversation houleuse qui demandait toute son attention au détriment de sa conduite. Il ne s'est même pas arrêté.
Deux conducteurs sur cinq téléphonent au volant. Une enquête récente révèle que près de la moitié des automobilistes décroche son appareil dans les deux secondes, et donne ainsi la priorité à cette tâche. Le temps de réaction en cas de danger augmente très sensiblement jusqu'à 70% et le risque d'accident est multiplié par quatre.
La loi pénalise ce comportement : «L‘utilisation d’un téléphone portable est sanctionnée par une amende forfaitaire de 135 € et un retrait de 3 points du permis de conduire. Toute personne qui tient son téléphone en main tout en commettant une autre infraction peut se voir suspendre son permis pour une durée de 6 mois» En multipliant ce chiffre par le nombre de contrevenants impunis qui croisent notre route chaque jour, ce serait là une source de revenus quasiment inépuisable. La meilleure solution pour éviter tout accident et toute sanction est de couper son téléphone (car la sonnerie peut surprendre) ou de demander aux éventuels passagers de répondre. Sinon, il suffit de s'arrêter dans un lieu adapté. Et de rappeler en cas d'urgence.
Le téléphone portable a pris possession de notre vie depuis très peu de temps et très rapidement, et sa présence envahit tout. Dans le train, en réunion, aux spectacles- bien qu'ils soient tous précédés, à présent, d'une mise en garde – dans les rayons des supermarchés (Dis, chérie, qu'est-ce que je prends comme marque de produit vaisselle), au restaurant…. Dès son plus jeune âge l'enfant est sous haute surveillance et on l'appelle pour un oui, pour un non… la communication s'améliore-t-elle entre les êtres pour autant ? A entendre – sans le vouloir – l'indigence des propos échangés on peut craindre que non. Dans la rue, deux piétons sur trois ont leur téléphone portable collé à l'oreille.
Sommes-nous suffisamment raisonnables pour pouvoir nous priver de nos nouveaux joujoux, même pour un court instant ? Chacun de nous serait d'accord pour appliquer cette interdiction aux autres avec une bonne raison pour ne pas la respecter soi même.