23 janvier 2021 | Le Billet de Mathilde
Cela faisait longtemps que Mathilde n'avait pas eu de nouvelles de son ancienne institutrice Simone D. lorsqu'elle a appris son admission aux urgences. Simone D. qui aura 96 ans dans quelques jours, serait tombée en se couchant le samedi et on ne l'a retrouvée que le dimanche soir complètement déshydratée et à moitié inconsciente. Un drame de la solitude des personnes très âgées ? Non. Simone D. vit chez ses neveux depuis la mort de son mari il y a quinze ans. Ils lui avaient alors proposé de venir s'installer chez eux en payant d'avance sa pension avec le prix de la vente de sa maison. Seulement, après avoir dépensé l'argent, ses hôtes ont commencé à trouver le temps long : ils ont pris l'habitude de partir en week-end et de la laisser seule en oubliant le plus souvent de faire les courses. Simone D. ne se plaignait pas jusque là, par peur de représailles. Elle souffre de malnutrition grave et présente de nombreuses traces sur le corps, peut être à la suite de chutes à répétition ou pire.
On parle souvent de la maltraitance des enfants, voire des animaux domestiques. On oublie de parler de celle dont sont victimes certaines personnes âgées que les handicaps de l'âge rendent de plus en plus vulnérables et indésirables, surtout lorsque leurs revenus sont jugés insuffisants par rapport aux « sacrifices » de la famille qui les héberge. La maltraitance commence, bien avant les coups, avec le désamour et la négligence.
Une tante de Mathilde installée dans un pays d'Afrique du Nord pour y vivre sa retraite dit être émerveillée de constater le respect et les égards que ces sociétés traditionnelles réservent aux cheveux blancs.
Soutenue par Mathilde et quelques autres Simone D. a été mise sous tutelle. Une plainte a été déposée. Dès que son état de santé le permettra elle sera accueillie dans une nouvelle famille avec un contrôle fréquent et rigoureux et où les visites seront autorisées ce qui n'était pas le cas précédemment.