25 septembre 2020 | 0 commentaire | Le Billet de Mathilde
Depuis toujours, notre amie Mathilde a l'habitude de faire ses courses, une fois par semaine, dans le même petit supermarché à côté de chez elle. Elle connaît tout le monde, du directeur jusqu'au vigile en passant par les caissières. Tout s'est déroulé pour le mieux, comme d'habitude, jusqu'au paiement. «Votre chèque ne passe pas. C'est peut-être la machine qui ne marche pas. Je vais voir». De retour un long moment plus tard, elle était accompagnée de la comptable qui la priait de la suivre dans son bureau. Pour lui annoncer qu'elle utilisait un chéquier volé et que la police avait été alertée. Assommée par l'émotion, Mathilde a dû s'asseoir. «Je ne comprends pas», répétait-elle en boucle jusqu'à l'arrivée de la police. «Je ne peux que vous prouver ma bonne foi. Voici mes papiers d'identité, vous pouvez constater qu'ils sont au même nom et adresse que mon chéquier. Je me serai volée moi-même ?». Le directeur alerté vint témoigner qu'il connaissait personnellement cette fidèle cliente et qu'il fallait interroger la banque – fermée à cette heure – pour tenter de comprendre. Que bien sûr il déposait pas plainte. Tout le monde était invité au commissariat pour établir et signer un procès verbal. Pour ressortir trois heures plus tard avec l'engagement, pour Mathilde, de revenir le lendemain après avoir consulté sa banque. Qui ne trouva aucune explication au mystère (peut-être une erreur informatique) et leva l'interdiction après avoir établi une attestation pour la police. De retour devant l'inspecteur, Mathilde osa une question : «Comment avez-vous pu me suspecter, à mon âge et avec ma mise plus que modeste ?» «Mais parce que les escrocs n'ont jamais l'air de ce qu'ils sont mais ressemblent à de braves et honnêtes personnes. Et que la délinquance n'a rien à voir avec l'âge. Nous connaissons bien une dame très vieille et très honorable de la haute bourgeoisie qui souffre de kleptomanie. Nous sommes souvent appelés pour la ramener chez elle après lui avoir fait la morale. Ce qui ne sert à rien. Vous lui donneriez le Bon Dieu sans confession».