1714 – Naissance de Anne-Olympe Mouisset, dans une famille de la grande bourgeoisie de Montauban.
7 mai 1748 – Naissance, à Montauban de Marie Gouze, future Olympe de Gouges, fille légitime de Pierre Gouze, boucher et de Anne-Olympe Mouisset. La paternité de Lefranc de Pompignan est de notoriété publique.
1749 – Pierre Gouze meurt. Le père naturel de la petite Marie s'occupe de son éducation et l'appelle « ma fille ».
1753 – Anne-Olympe se remarie. Marie voit son père s'éloigner.
1765 – Marie Gouze est mariée à Louis-Yves Aubry, officier de bouche.
1766 – Naissance d'un fils : Pierre. Peu après, Marie se retrouve veuve et prend le nom d'Olympe de Gouges.
1767 – Olympe rencontre Jacques Biétrix, entrepreneur de transports militaires. Elle le suit à Paris où elle vit maritalement avec lui. Il semble qu'elle lui ait donné une fille qui n'a pas vécu. Elle mène un grand train de vie et dépense beaucoup pour l'éducation de son fils. Ses détracteurs prétendent, sans preuves qu'elle aurait eu à cette époque une existence de femme galante. Un document du temps la place parmi les trois plus jolies femmes de Paris. L'article premier du « concours » précise : « sont exclues les femmes faisant trafic de leurs charmes ».
1778 – Olympe figure dans l'almanach des « personnes de condition ». Jacques Biétrix lui assure toujours son soutien financier. Elle a su s'entourer de gens « bien nés, riches et honnêtes », de personnages influents, tel Philippe d'Orléans qui assurera l'avenir de Pierre, fils d'Olympe. L'amie du duc, la Marquise de Montesson, l'introduit auprès des Comédiens français.
Fin 1778, Olympe renonce aux frivolités pour « verser dans le bel esprit ». Elle emménage rue Poissonnière, alors quartier élégant et renouvelle du même coup le cercle de ses fréquentations : journalistes, auteurs dramatiques, philosophes. Elle se lie aux milieux littéraires les plus avancés. C'est le début d'une amitié qui ne se démentira jamais avec Louis-Sébastien Mercier, auteur du célèbre Tableau de Paris. Il ne cessera jamais de l'encourager.
Elle va beaucoup au théâtre et à l'opéra, discute des nouvelles pièces, défend tel auteur, critique telle comédienne. Elle est curieuse de toutes les nouveautés de la science, des plus sérieuses aux plus extravagantes. Elle fréquente Rivarol, La Harpe, Marmontel, Sautereau, Aubert.
1784 – Mort de Lefranc de Pompignan.
Olympe a achevé son “Mémoire de Mme de Valmont” et, dit-elle, une trentaine de pièces de théâtre. Elle s'attire l'animosité de Beaumarchais lorsqu'elle lui rend hommage en écrivant “Le mariage inattendu” qui est la suite du Mariage de Figaro.
1784-1789 – Période de démêlés entre Olympe et les Comédiens français. Sa première pièce “L'esclavage des noirs” est reçue à la Comédie française, puis rejetée. Elle sera jouée et boycottée en 1790. “L'amour fou” est refusée. Olympe affronte ses détracteurs, dont Beaumarchais, qui prétendent qu'elle n'est pas l'auteur de ses productions littéraires.
1785 – Publication du “Mariage inattendu” et de “L'homme généreux” inspiré d'un fait réel d'emprisonnement pour dettes.
1787 – Elle écrit “Le siècle des grands hommes”.
1788 – Publication de sa première brochure politique : “Lettre au peuple, ou projet d'une caisse patriotique par une citoyenne”.
En janvier, publication des deux premiers volumes de ses œuvres, dédiées au Duc d'Orléans.
En mai, parution du troisième volume, à l'adresse, cette fois, du Prince de Condé.
1789 – Elle commence l'écriture du “Prince philosophe”, roman de 522 pages qui paraîtra en 1792.
1789-1793 – Olympe participe activement à tous les épisodes de la Révolution : elle n'hésite pas à déménager souvent pour être au cœur de l'action. Souvent visionnaire dans ses propositions sociales, morales ou philosophiques, qu'elle défend avec un courage absolu, elle est farouchement opposée à la violence.
Déçue dans ses convictions de « royaliste constitutionnelle » par la fuite au roi à Varennes, elle se proposera néanmoins pour le défendre à son procès. Elle n'arrêtera jamais d'écrire : théâtre, assais philosophiques, textes politiques, pamphlets, projets de lois… Pour n'en citer qu'un : la “Déclaration des Droits de la femme et de la Citoyenne” en 1791, dédiée à la Reine.
1791 – Olympe s'installe à Auteuil où elle rejoint l'avant-garde intellectuelle de l'époque. Savants, littérateurs de renom contribuaient à la réputation de ce qu'on appelait la « Société d'Auteuil ». C'est là qu'elle a dû rencontrer, chez Helvétius, chez Fanny de Beaumarchais ou chez Sophie Condorcet, tout ce que l'époque comptait de beaux esprits.
Bouleversée par la mort brutale de Mirabeau, le 2 avril, elle compose son oraison funèbre puis, quelques jours plus tard, une pièce à la gloire du tribun : “Mirabeau aux Champs-Élysées”. Il faut rappeler pourtant les soupçons qu'elle avait formulés deux ans plus tôt sur sa vénalité, dans son “Discours de l'aveugle aux Français”.
1792 – Parmi ses textes quasi quotidiens, notons “L'esprit français” dédié à Louis XVI où elle souhaite une révolution sans violence, qui soulève de fortes oppositions.
Fin avril, elle attaque les Jacobins.
En octobre, dans l'affrontement entre Girondins et Montagnards, Olympe prend parti pour les Girondins et contre Robespierre.
1793 – Le 23 janvier, deux jours après l'exécution du Roi, sa pièce “L'entrée de Dumouriez à Bruxelles”, donnée à la Comédie française, est l'objet d'une cabale. Le sujet, à la gloire de la Révolution, doit faire honneur au patriotisme de son auteur. Mais un mois plus tard, c'est la trahison de Dumouriez.
3 novembre 1793 – Olympe de Gouges monte à l'échafaud : elle entre dans l'oubli de l'histoire.
N. B. Ces notes biographiques ont été établies à partir du livre d'Olivier Blanc : l'étude de cet historien d'Olympe de Gouges fut le premier acte fondamental de sa réhabilitation.