9 octobre 2021 | Le Billet de Mathilde
Nous avions à l'école primaire une institutrice que tous les enfants adoraient. Et particulièrement Mathilde qui était première en classe. Elles ne se sont jamais perdues de vue et Mathilde lui rend visite régulièrement. Dernièrement elle est revenue en larmes de chez elle. Elle a connu ses enfants. Sa fille, selon la mode du temps, a choisi une vie de «femme libre», changeant souvent de partenaire. Et puis elle s'est mise à envier sa meilleure amie, mariée et heureuse maman de deux bambins adorables. Elle a décidé, à un âge déjà avancé, de devenir mère elle aussi. Mais sans s'embarrasser de mari. Elle a choisi un étranger de passage chez des amis. Mais l'expérience n'a pas été à la hauteur de ses rêves et très peu de temps après la naissance elle a repris ses expériences d'aventures sans lendemain en confiant le bébé devenu encombrant à l'une ou l'autre de ses amies et le petit a fini chez sa grand mère.
Quand il eut dix ans, sa mère l'a repris sans préavis quand elle s'est installée durablement chez un nouveau compagnon à deux cents kilomètres d'ici. L'enfant s'était beaucoup attaché à sa grand-mère – et réciproquement – et tous les deux ont vécu douloureusement cette séparation. Excellent élève il n'a plus rien fait. Il a alterné actes de vandalisme et supplications pour retourner «chez lui». Après une grosse bêtise, ses nouveaux parents ont voulu le corriger et il s'est défendu mettant KO son beau-père. Qui a déposé plainte et a mis tout le monde à la porte. L'enfant s'est retrouvé devant le juge des mineurs et en pension surveillée. Pour ne pas dire en prison. Il est devenu de plus en plus violent jusqu'à être renvoyé. Il s'est retrouvé une nouvelle fois devant la justice pour récidive et pour usage de «substances illicites». Dernièrement rendu à sa mère, il n'a pas accepté qu'elle le gifle et il l'a frappée. Aux dernières nouvelles – ce qui désole Mathilde – il a été admis dans une unité de soins en hôpital psychiatrique. Il a passé quelques jours auprès de sa grand-mère, abruti par les cachets. C'est à cette occasion que Mathilde n'a pas reconnu l'enfant aimable, joyeux et intelligent qu'il était il y a quelques années.
Il semblerait que les violences des enfants envers leurs parents soient plus fréquentes qu'on le croit. Ou bien cette impression vient-elle de ce qu'on parle aujourd'hui de ce qu'on avait honte d'avouer autrefois.