4 avril 2024 | Le Billet de Mathilde
Mathilde qui s'entend par ailleurs très bien avec ses nouveaux voisins, ne manque pas de s'étonner souvent de leur manière de vivre. Mathilde, qui a pris l'habitude de faire ses courses au centre-ville très proche de son domicile, envisage à courte échéance de ne plus avoir de voiture dont l'entretien pèse sur son modeste budget. A l'inverse, cette famille plutôt modeste, possède deux voitures. Le père part très tôt et rentre très tard. La mère aménage son mi-temps professionnel autour des activités des trois enfants. Car la mode est au sport. On en fait dès le plus jeune âge. Et nous touchons alors au comble de l'absurdité, car pour que les bambins aient l'occasion d'avoir une pratique sportive, il faut les accompagner en voiture jusqu'à la porte du gymnase, du stade ou de la piscine où on les reprendra quelques heures plus tard afin, sans doute, de leur épargner la fatigue physique superflue de marcher sur leurs pieds.
Les adultes sont tout aussi ridicules. Fort de ce qu'ils voient à la télévision, nos champions cyclistes du dimanche s'équipent de la panoplie complète et par beau temps, on croit rencontrer sur les routes de nos campagnes des égarés du Tour de France.
La génération de nos grands parents aidaient aux travaux des champs et, en ajoutant à cela les quatre kilomètres à parcourir à pied, matin et soir, pour aller à l'école par tous les temps cela leur assuraient un entraînement sportif que beaucoup peuvent leur envier de nos jours.
Les nouvelles technologies et la vitesse de l'information a permis de découvrir le vaste monde jusqu'aux lieux les plus reculés de nos campagnes. Mais la médiatisation induit par ailleurs l'uniformisation dans nos comportements. Ne peut-on goûter au plaisir d'exercer son corps sans le narcissisme qui va avec de nos jours ? Pourquoi ne pas cultiver au contraire l'esprit sportif de «fair play» ? Et la disparition des valeurs de simplicité, de modestie et d'effort qu'impliquent une bonne éducation ne risque-elle pas de nous mener à plus d'égoïsme et d'indifférence à l'autre qu'on ne considérera plus que comme l'adversaire à écraser de sa supériorité ?